Mayté Banzo

Mayté Banzo
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Quand la géographie s’intéresse à l’alimentation de manière concrète

Mayté Banzo géographe au sein de l’UMR Passages est professeure des universités à l’Université Bordeaux Montaigne. Elle s’intéresse à la géographie de l’aménagement.

C’est à la suite d’une réunion sur son lieu de travail, à la Maison des Suds, que Mayté Banzo se présente. Son bureau au premier étage donne sur les espaces verts du campus de Pessac. Assise dans son nouveau bureau, elle explique qu’en tant que géographe ce qui l’intéresse « c’est de comprendre l’impact de l’action territoriale, comme les projets alimentaires, sur l’organisation des espaces » Mayté Banzo aborde les questions de géographie en s’intéressant aux personnes qui y jouent un rôle décisif : « Le territoire fait le lien entre les espaces et les acteurs. Ce sont ceux qui y habitent, y travaille et y prennent des décisions. »

« Depuis quelques années, je travaille sur la question alimentaire »

Depuis quelques années, Mayté Banzo étudie la question alimentaire en s’intéressant de près aux projets alimentaires territoriaux. Ces projets visent à développer l’alimentation locale en circuit court et les produits bio en soutenant les agriculteurs sur le territoire. « Ces projets sont encouragés par la « Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt » depuis 2014. Le cadre législatif est favorable au développement de ces types de projets, ce qui est à mon sens positif. » soutient-t-elle. Afin de comprendre l’association entre l’alimentation et l’agriculture sur un territoire urbain ou rural, Mayté Banzo en collaboration avec d’autres chercheurs dans le cadre du programme de recherche APPAL (Agriculture de proximité et politiques alimentaires locales), suit plusieurs projets alimentaires en Nouvelle-Aquitaine. « Le recueil de données consiste à multiplier les entretiens avec les personnes sur le terrain. Il y a aussi de l’observation-participante en se rendant à des réunions. Différents acteurs sont autours d’une même table pour discuter d’un projet alimentaire. ».

« Nos recherches permettent une action directe dans la société »

Observer permet à cette chercheuse de prendre de la distance sur les problématiques géographiques. L’idée est de comprendre qui sont les acteurs les plus mobilisateurs, leur rôle, et la façon dont ils agissent. Mayté Banzo attire notre attention sur sa méthode : elle aborde les études de cas par les actions menées « je m’intéresse aux actions territoriales et publiques : il y a aussi les citoyens, les habitants et les associations qui peuvent agir. » Cette géographe, ancrée dans les problématiques actuelles participe à des « recherches-actions. »

« C’est une discipline inscrite dans le temps présent. Nous sommes de plus en plus conviés à participer en direct au changement »

Dans ces projets, l’action et la recherche se font en même temps « ce sont des décisions qui sont co-construites entre les scientifiques et les acteurs de terrain. » Les études menées par cette chercheuse permettent de mieux comprendre l’organisation du territoire et les dynamiques qui s’y déroulent « nos études permettent d’orienter des décisions dans des domaines de l’aménagement et du développement territorial. »

Une discipline ancrée dans le présent

Mayté Banzo a choisi la géographie pour son aspect concret et les situations « en train de se faire » qu’elle questionne : « l’espace qui est notre objet d’étude est en face de nous. Il existe. Il y a des formes, il y a des gens, il y a des paysages : c’est une discipline inscrite dans le temps présent.  Nous sommes de plus en plus conviés à participer en direct au changement. » C’est l’occasion pour cette chercheuse de se rendre compte de son propre regard : « Je me rends compte des différentes manières de penser autour d’une même question. » Pour elle, il est toujours intéressant d’être attentive à la vision des personnes qui posent des questions « auxquelles on ne s’attend pas ». Selon elle, être sur le terrain, est une condition nécessaire au métier de géographe. Travailler avec les personnes directement sur le terrain lui permet de trouver une dimension humaine et de donner du sens à la recherche. « Je trouve que travailler avec des agriculteurs est stimulant. J’apprends beaucoup avec eux. »

Lou DENY

Le lieu de travail idéal pour Mayté Banzo serait un bureau totalement vitré et ensoleillée. La vue qui lui offrirait ces baies vitrées, lui permettrait de travailler en immersion dans un paysage : « La vision du paysage, c’est mieux pour travailler. Même chez moi j’aime avoir une vue sur la nature. ». Elle ajoute que maintenir un lien avec ses collègues du laboratoire est important pour elle : la recherche est une démarche collective et l’ambiance à Passages est stimulante.