Théo Mouton

Théo Mouton
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La ville de demain : les enjeux de la désartificialisation

Chargé des publications, Théo Mouton œuvre au partage de travaux visant à concilier le développement économique et la préservation de la biodiversité, au sein de la Mission Économie de la Biodiversité de CDC Biodiversité

Réflexion sur les sujets innovants, réalisation d’une bibliographie, interviews de spécialistes scientifiques, échanges avec les entreprises, les collectivités et les associations actrices pour la biodiversité ; Théo Mouton réalise de nombreuses actions en amont de la diffusion et de la promotion de ses publications. Au cours de l’année 2021, il a conçu et réalisé l’étude « Mise en œuvre de l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) à l’échelle des territoires ».

L’artificialisation : subtile définition

« L’artificialisation correspond à la transformation d’un espace naturel, forestier ou agricole en surface artificialisée » précise Théo Mouton. Ainsi, les espaces urbanisés et imperméabilisés sont dits artificialisés. Cette première définition permet de réaliser des calculs statistiques simplifiés mais « elle occulte la réflexion sur les impacts de cette artificialisation sur les sols, leurs fonctions et les services écosystémiques associés ». Le fait est que les jardins et squares en ville ou encore le bois de Boulogne sont considérés comme des zones artificielles alors qu’elles peuvent avoir une qualité écologique importante. La loi « Climat et Résilience » de 2021 a permis d’élaborer une nouvelle définition de l’artificialisation, qui prend davantage en compte les enjeux écologiques : « L’artificialisation est définie comme l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage ».

Enjeux naturels et humains

Les conséquences de l’artificialisation sur les habitats et les modes de vie sont nombreuses. « Lorsque l’on bétonne une zone naturelle, on détruit des milieux et des habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales, qui par conséquent disparaissent. » Le changement d’usage des sols, dont fait partie l’artificialisation, correspond au premier facteur de perte de biodiversité à l’échelle mondiale. « Un second impact important de l’artificialisation est la fragmentation des habitats. » Pour que les espèces puissent se développer, il faut que les individus se déplacent pour se nourrir ou encore se reproduire.

« La ville de demain ne doit pas être “ high tech ”, elle doit être tournée vers le développement de la nature »

L’artificialisation entraîne une rupture des continuités écologiques et donc une dégradation de la biodiversité. L’espèce humaine, elle aussi, subit les conséquences de l’artificialisation qui « entraîne la diminution des espaces naturels de promenade et la qualité paysagère des espaces périurbains » déplore Théo Mouton. Mais plus encore, l’artificialisation rend les sols imperméables : « quand il pleut, au lieu d’être absorbée par les sols, l’eau ruisselle et cela provoque des inondations ». L’artificialisation occasionne également l’augmentation des nuisances sonores, des concentrations en polluants dans l’eau, de la dépendance à la voiture ainsi que la diminution de la qualité de l’air.

Objectif « Zéro Artificialisation Nette»

« En France, l’artificialisation est d’environ 20 000 à 30 000 hectares chaque année. » La loi Climat et Résilience prévoit l’atteinte de l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » pour 2050. Le chargé des publications précise : « Le but n’est pas d’arrêter toute artificialisation mais plutôt de la limiter aux besoins essentiels : si l’on construit à un endroit, l’objectif est de désartificialiser ailleurs, c’est pour cela que l’on parle d’artificialisation nette ». Une des solutions pour désartificialiser est de développer les entreprises spécialisées dans le génie écologique, à savoir la transformation d’un espace bétonné en espace végétalisé grâce à la dépollution des sols et la revégétalisation.

« La ville de demain ne doit pas être “ high tech ”, elle doit être tournée vers le développement de la nature. » Les températures plus élevées, ainsi que l’augmentation de la fréquence des sécheresses et des inondations, liées aux changements climatiques, seront des enjeux des années à venir. Développer la nature en ville permettra de créer des îlots de fraîcheur sous les arbres lors des canicules et d’absorber l’eau des inondations grâce aux racines des plantes. « Concilier ville et nature est le seul moyen pour rendre vivables et agréables les espaces urbains. »

Lucie LEPRINCE

Selon Théo Mouton, le meilleur endroit pour travailler, c’est à son bureau. « L’ambiance au travail me permet d’être dans de bonnes conditions pour être efficace. » En effet, en travaillant directement avec ses collègues, les échanges sont instantanés et le travail est particulièrement prolifique. De plus, il a « besoin d’interviewer des chercheurs et chercheuses pour écrire [ses] publications, [il] préfère les rencontrer en personne qu’en visioconférence. »