La Contrée des Sables hostiles

Depuis 300 000 ans, l’espèce humaine a dû s’adapter pour survivre. Fabriquer des outils toujours plus sophistiqués, comprendre son milieu et les espèces qui l’entourent, se protéger de conditions climatiques extrêmes… Telles sont les problématiques auxquelles elle a toujours dû faire face. Aujourd’hui, l’être humain, par sa curiosité des fonds océaniques ou par ses rêves de mondes extraterrestres, continue d’imaginer des habitats qui résistent à des environnements qui lui étaient auparavant hostiles. L‘enjeu est double pour les êtres humains qui doivent, en plus de s’adapter à leur environnement changeant, apprendre à ne plus le dominer.

Attack

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La ville entre trois murs

Le genre humain n’a pas toujours été au sommet de la chaîne alimentaire. Il est à l’origine un charognard ne chassant pas ou peu. Il a parfois été la proie de carnivores tels que les hyènes.

Dans l’Attaque des Titans, l’humanité a dû s’adapter à l’apparition de prédateurs, les Titans, par l’amélioration de son habitat et le développement d’armes adaptées. Le système de défense imaginé contre les Titans consiste en trois murs de 50 mètres de haut. Du fait de la hauteur et de l’épaisseur des murs, les Titans normaux ne sont pas capables d’ouvrir une brèche dans l’enceinte des villes. L’élément perturbateur de l’œuvre est l’apparition du Titan Colossal, intelligent et haut de 60 mètres, qui vient briser le semblant de sécurité dont jouissaient jusqu’ici les personnages.

Image extraite de l’animé L’Attaque des Titans montrant le district de Trost enclavé entre les murs

Plan de la ville dans le manga et animé L’Attaque des Titans

L’Attaque des Titans est un manga écrit et dessiné entre 2009 et 2021 par Hajime Isayama. L’œuvre, adaptée en série d’animation, raconte l’histoire de Eren Jaeger et du combat de l’humanité pour reconquérir un monde peuplé de créatures humanoïdes gigantesques. La population qui a survécu s’est réfugiée au sein de villages entourées d’immenses murs.

Dans la réalité, de proie à prédateur, une évolution comportementale a pu être déterminée, grâce à des données archéologiques. Des études sont cependant encore nécessaires pour en connaître l’origine.

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La planète hostile

La planète Tatooine de l’univers Star Wars est inspirée d’une ville située dans le sud-est de la Tunisie, de son véritable nom Tataouine. Le tournage des premiers films a eu lieu plus précisément dans le village de Matmata où l’on retrouve des habitations troglodytes construites dans les flancs de montagnes tunisiennes.

Maison de la famille Skywalker sur la planète Tatooine dans le film Star Wars : Un nouvel espoir

Ces grottes troglodytes laissent la lumière entrer dans les habitations tout en gardant une certaine fraîcheur pendant les ardentes canicules d’été. Les habitats troglodytiques sont en effet souvent creusés dans la roche tendre de type calcaire et peuvent être construits avec des matériaux sédimentaires comme le granite, l’argile ou le gypse. Ces sédiments ont la capacité d’absorber la chaleur en raison de leur densité énergétique élevée. Cette faculté d’absorption permet de stocker la chaleur en journée pour la restituer progressivement la nuit où les températures peuvent être très basses. Les températures intérieures sont ainsi stabilisées entre 15°C en hiver et 25°C en été.

Star Wars est un univers de science-fiction créé par George Lucas. Les intrigues de la saga prennent place dans une galaxie très lointaine où la guerre fait rage entre le côté lumineux et le côté obscur de la Force. L’histoire de la trilogie cinématographique originelle, sortie entre 1977 et 1983, est centrée sur la famille Skywalker qui a pour planète d’origine Tatooine, une planète-désert.

Habitat troglodyte ayant servi de décor au tournage de Star Wars à Tataouine en Tunisie

L’adaptation aux contraintes environnementales a également des conséquences sur l’agencement de ce type d’habitat, avec notamment des greniers collectifs fortifiés qui servaient à stocker les provisions et les réserves alimentaires en quantité suffisante pour pouvoir affronter les longues périodes de sécheresse.

Dune

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L'enfer de sable

Les Fremen, peuple endémique de la planète Dune, survivent à la sécheresse grâce à des combinaisons capables de recycler l’eau du corps, en la récupérant et en la filtrant. Cette technologie n’est pas sans rappeler les célèbres combinaisons des astronautes.

En effet, les conditions extrêmes rencontrées par les astronautes lors de leurs missions nécessitent les meilleures technologies. En 2017, la NASA a publié un communiqué de presse au sujet d’un nouveau matériau utilisable pour tous ses revêtements spatiaux. Ce nouveau textile, conçu grâce à l’impression 3D est développé par le Jet Propulsion Laboratory (JPL). Il limite les pertes de chaleur, résiste à la traction, est flexible et enfin réfléchissant, quatre rôles clés pour ce type de revêtement.

Combinaison des Fremen tirés du film Dune sorti en 2021 et réalisé par Denis Villeneuve

Prototype d’un nouveau textile développé par le Jet Propulsion Laboratory (JPL)

Dune est un roman de science-fiction écrit en 1965 par l’écrivain Frank Herbert. À l’origine, il souhaitait écrire un article sur les dunes de l’Oregon aux États-Unis. Cet article ne verra jamais le jour, mais Herbert s’en est inspiré pour écrire ce qui deviendra le roman de science-fiction le plus vendu dans le monde.

Le revêtement est composé d’une multitude d’anneaux enchevêtrés qui permettent une grande capacité de mouvement, ce qui n’est pas évident pour un textile qui doit être en parallèle, résistant et réfléchissant. Sa surface réfléchissante est par ailleurs la clé de l’isolation du matériau qui résiste à de grandes variations de température.

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Exploration des profondeurs

Pour survivre dans Subnautica, le personnage joué doit chercher des ressources et fabriquer des objets. Pour s’oxygéner, se désaltérer et s’alimenter, il doit construire des outils et équipements. Pour obtenir le matériel nécessaire, le·a joueur·euse récupère des “trouvailles” au fond de l’océan.

Image d’un appareil permettant le filtrage d’eau dans le jeu Subnautica

Afin de ne pas mourir de manque d’oxygène ou finir mangé par un prédateur, il·elle doit se munir d’équipements. C’est grâce à un appareil appelé “le fabricateur” qu’il est possible d’imprimer “le constructeur”. Ce dernier est conçu pour fabriquer des habitats capables de résister à des conditions environnementales extrêmes. Avec le “constructeur”, le·a joueur·euse peut faire un appareil de filtrage de l’eau qui permet de transformer l’eau de mer en eau potable et avoir du sel. Le “constructeur” permet également de fabriquer la centrale thermique qui convertit l’énergie thermique en électricité. La production d’énergie est essentielle pour survivre et avoir de l’oxygène dans la base.

Subnautica est un jeu vidéo de survie et d’aventure développé et distribué par Unknown Worlds dès 2014. Le.a joueur.se incarne un scientifique échoué sur une planète-océan extraterrestre. Le but du jeu est la survie et l’exploration de la faune et la flore de ce monde ouvert. Connaître son environnement est primordial pour pouvoir y vivre en s’adaptant à celui-ci.

Une base sous-marine dans le jeu Subnautica

Dans la réalité, l’adaptation à son environnement est indispensable à la survie et la construction d’objets permet une meilleure adaptation. Les sous-marins, comme ceux du jeu, sont équipés de systèmes ingénieux permettant leur fonctionnement, mais aussi leur confort.

Paroles de chercheur·es

Natacha Vas-Deyres est docteure en littérature française et agrégée de Lettres modernes. Elle travaille comme chargée de cours et chercheuse associée au Laboratoire pluridisciplinaire de recherches sur l’imaginaire appliquées à la littérature (Lapril/CLARE) de l’Université Bordeaux Montaigne. Ses travaux ont pour but de faire plus largement reconnaître la littérature d’anticipation sociale.

« La science fiction va mettre en scène les difficultés de vie et de survie de ses personnages [...] [ainsi que] l'habitation extrême et toutes les variations de l'habitation humaine. »
Natasha Vas-Deyres
Docteure en littérature française et agrégée de Lettres modernes
Sources